La rafle politique

La rafle politique

La rafle politique

De mémoire d’avocat, on avait jamais vu ça. 174 interpellations en un procès verbal unique sur la seule esplanade des Invalides le soir du 26 mai. Pour aboutir au final à 14 comparutions immédiates. Ce qui signifie que 160 personnes ont effectué en moyenne 24 heures de garde à vue pour rien. En somme un véritable rafle. Une rafle violente qui a vu des jeunes filles de 19 ans en sweet shirt rose plaquées au sol et passées à tabac par des « racailles en civil » de la BAC (Brigade anti-criminalité).

Les commissariats de police parisiens étaient tellement débordés que certains gardés à vue ont du être transférés dans des commissariats de banlieue comme Pantin ou Maisons Alfort. Comme si la police française n’avait pas mieux à faire. Depuis quelques jours, l’activité exclusive de la police parisienne consiste à interpeller des jeunes opposants à la loi Taubira. Quelques habitués des gardes à vue issus de la diversité souvent multirécidivistes étaient stupéfaits à l’idée que des jeunes gens fassent 48 heures de garde à vue pour des préventions incertaines de jets de cannettes vides sur des agents de la force publique.

L’attitude des officiers de police judiciaire (OPJ) en garde à vue a été inégale. Certains policiers ont été plus que conciliants, écoeurés d’avoir à laisser aux oubliettes de véritables dossiers de délinquance et le faisaient remarquer aux avocats présents. D’autres se comportant comme de véritables voyous tant avec des avocats qu’avec des jeunes filles qu’ils prenaient un malin plaisir à faire craquer.

Tout ceci pour aboutir à 14 prévenus convoqués en comparution immédiate, choix procédural tout à fait contestable puisque le Tribunal a lui-même concédé qu’il était impossible d’étudier un dossier pénal de 500 pages en quelques heures. Force est de constater que la majorité des préventions était vide. Très peu de photos, les accusations reposant sur les seules déclarations de policiers.

Le ridicule a été atteint lorsqu’un mastodonte des forces de l’ordre sollicitait à l’audience des dommages intérêts pour préjudice moral du fait du traumatisme psychologique subi pour jet d’une bouteille en plastique vide qu’il aurait reçue sur la cuisse. On ignore si une cellule de crise psychologique va être mise en place. Les gendarmes du Palais ne manquaient pas d’ironiser sur cette revendication cocasse !

Finalement sur les 14 dossiers, 5 ont été jugés et 8 renvoyés au 10 juillet prochain avec placement sous contrôle judiciaire. Malgré les réquisitoires délirants du Parquet qui demandait des peines de prison fermes pour des jeunes sans casier, le Tribunal est resté dans la mesure.
Les cinq prévenus ayant été condamnés à des peines variant de 200 euros de jours amende jusqu’ à une peine d’emprisonnement avec sursis. Un autre a été relaxé et un autre bénéficiant d’une nullité de procédure.

De nombreux journalistes étaient présents pour découvrir le visage « des casseurs ». Or le 26 mai à 21h45, les casseurs étaient déjà partis depuis longtemps, les autres ayant rejoint… leurs collègues de la police française. (sic)

Les jeunes gens interpellés échappaient aux profils attendus d’activistes professionnels : lycéens, étudiants en Khâgne ou en école de commerce, père de famille de cinq enfants, sergent parachutiste…

A côté des avocats désignés qui ne dorment plus depuis quelques jours compte tenu des innombrables gardes à vue, les avocats commis d’office partageaient leur indignation face à cette rafle politique. La France depuis longtemps n’est plus une démocratie. L’heure de la résistance est venue. Plus que jamais restons unis et solidaires de cette jeunesse admirable qui a franchi la ligne jaune le 24 mars dernier.

Les consorts Hollande, Valls et Taubira ont ouvert la boïte de pandore. Ils s’imaginent que la répression va calmer les ardeurs de cette jeunesse qui se réveille. Ils n’ont rien compris.

Le collectif des avocats contre la répression policière et idéologique